Les modes de reproduction
Chez les reptiles, on distingue quatre modes de reproduction : l’oviparité, l’ovoviviparité, la viviparité et la parthénogénèse, obligatoire ou facultative. La reproduction est sexuée chez la majorité des reptiles, sauf dans le cas de la parthénogénèse. Tous les crocodiliens et les chéloniens sont ovipares et les serpents, selon l’espèce, sont ovipares ou ovovivipares. Des cas exceptionnels de parthénogénèse ont été documentés, mais cela reste très marginal. Chez les sauriens, on rencontre les quatre modes de reproduction, la parthénogénèse pouvant être obligatoire chez certains lézards.
Les ovipares : La grande majorité des reptiles est ovipare. Tous les chéloniens (tortues), les crocodiliens et la quasi-totalité des sauriens (lézards) présentent ce mode de reproduction. Les reptiles ovipares pondent des œufs. Le développement embryonnaire se réalise donc à l’extérieur de la femelle. Les œufs pondus sont enfouis dans la terre meuble ou dans le sable humide. Leur coquille est généralement membraneuse, parcheminée et fine, afin d’assurer les échanges gazeux et d’humidité avec le milieu ambiant. Les tortues terrestres, les crocodiliens et certains Geckos pondent des œufs à coquille dure, très calcifiée. Selon l’espèce, les œufs seront abandonnés, couvés ou surveillés après la ponte.
Les ovovivipares : Les embryons se développent à l’intérieur de la femelle, dans des œufs, au niveau des oviductes. Les juvéniles naissent complètement formés. Il n’y a pas d’échanges de nutriments entre la femelle et les jeunes, ces derniers vivant sur les réserves vitellines à leur disposition. Ce mode de reproduction se rencontre chez les espèces vivant en général dans des conditions climatiques difficiles, ce qui permet de s’affranchir du problème de l’incubation.
Les vivipares : Le développement embryonnaire se réalise à l’intérieur de la femelle. Il existe de véritables annexes embryonnaires, plus ou moins similaires à celles des mammifères, qui assurent la nutrition des embryons de manière active. La viviparité se rencontre uniquement chez quelques espèces de lézards : certains scincidés (Tiliqua scincoïdes), certains cordylidés (Cordylus giganteus) et certains iguanidés (Sceloporus sp).
Il convient de noter que le concept d’ovoviviparité a été remis en cause dans la littérature scientifique sur la base d’arguments tendant à prouver qu’il y a toujours un minimum d’échanges de nutriments entre la génitrice et les embryons. Nous gardons les termes usités d’ovoviviparité et de viviparité par soucis de simplification.Les espèces parthénogénétiques : Quelques rares espèces de sauriens (Téiidés, Lacertidés, Geckonidés, Varanidés) peuvent adopter un mode de reproduction parthénogénétique. Les femelles sont capables de se reproduire seules et leurs œufs, sans fécondation, ne donnent naissance qu’à des femelles (exemple : Lepidodactylus lugubris), ou parfois qu’à des mâles en fonction des espèces (exemple : Varanus komodoensis). La parthénogénèse peut être facultative et avoir lieu dans des cas isolés comme chez le varan de Komodo, ou être obligatoire chez des espèces pour lesquelles seules des femelles sont connues (certains geckos).

La ponte
Les reptiles ovipares déposent généralement leurs œufs dans le sable ou la terre en recherchant les conditions optimales de température et d’humidité. Les serpents femelles pondent dans des endroits humides (tourbe, mousse…). En général, les tortues creusent des cavités pour y déposer leurs œufs. Les lézards à mœurs terrestres enterrent leurs œufs ou les déposent à même le sol et les lézards arboricoles déposent leurs œufs sur les arbres, en principe sous les écorces ou dans des fentes. Le nombre d’œufs est très variable selon les espèces.
Pour les crocodiliens, il est relativement facile de savoir si une femelle a pondu. En effet, sa présence continue sur sa zone de ponte et son comportement virulent de défense du nid ne laissent pas de doute.
Les femelles serpents gravides muent quelques temps avant la ponte : c’est la mue de pré-ponte. Le comportement alimentaire change progressivement avec le développement des œufs. La femelle peut devenir anorexique ou n’accepter que des proies de plus petite taille. Après une période d’inactivité pendant la gestation, on observe un regain d’activité, surtout chez les femelles ovipares à la recherche d’un site convenable pour la ponte.

Incubation des œufs
Après la ponte, nous retirons les œufs du terrarium ou de l’enclos pour éviter les risques de destruction accidentelle ou intentionnelle par ses occupants et nous les transférons dans un incubateur adapté à l’espèce. La personne en charge du ramassage ne doit pas retourner les œufs et s’assurer de les placer dans leur position initiale, notamment à l’aide d’un marquage au sommet de l’œuf. En effet, les œufs de reptiles étant dépourvus de chalaze, un changement de leur position initiale risquerait de décrocher le disque embryonnaire, provoquant la mort de l’embryon. Si les œufs sont pondus en grappe, il est préférable de ne pas les séparer. Pour les œufs pondus en hauteur ou collés sur un support, il est déconseillé de les décoller au risque de les détruire.
L’incubateur doit générer les paramètres de température et d’hygrométrie idéaux au développement des œufs. Ces paramètres varient en fonction des espèces mais également en fonction du sex-ratio souhaité pour les espèces à déterminisme sexuel dépendant de la température d’incubation. Les œufs sont placés dans des bacs en plastique contenant de la vermiculite maintenue légèrement humide ou non en fonction des espèces.
La durée de développement des œufs est en moyenne de 2 à 4 mois. Généralement, cette durée est plus longue chez les reptiles ovovivipares (4 à 8 mois de gestation chez les boas). La durée d’incubation varie selon les espèces et la température. Plus la température est élevée, plus l’incubation est brève. Chez certains reptiles, la température d’incubation détermine également le sexe des embryons : on parle de TSD (Temperature Sex Determination).